Les Jeunes MR demandent que les Universités et Hautes Écoles belges développent des pôles d’excellence (Masters) afin de se spécialiser dans leurs domaines de compétences privilégiés.

Le taux d’échec en première année de l’enseignement supérieur est conséquent. À contrario, le taux d’échec en 6e secondaire est faible et d’environ 6%. Comment expliquer ce fossé et ce taux d’échec sur une année seulement. Les compétences validées en 6e secondaire sont-elles adéquates et reflètent-elles les réalités de l’enseignement supérieur ?

Selon l’ARES, les performances éducatives sont trop stables face aux attentes sociétales et socio-économiques. En effet, le taux d’échec en 1ère année de l’enseignement supérieur a tendance à augmenter depuis ces 10 dernières années et est estimé à 65%. Contrairement à la moyenne européenne, la Belgique n’a pas augmenté le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur. Ce chiffre reste stable et n’augmente pas depuis ces dix dernières années.

Qui plus est, quantité de métiers encourent le risque d’une automatisation. Les logiciels de demain remplaceront de nombreuses tâches, bien souvent routinières, aussi bien physiques que cognitives. L’humanité est cependant loin d’être obsolète, comme nous l’avions déjà illustré dans le Mémorandum de notre Congrès Numérique, via l’exemple des « Advanced Chess » ou « Cyborg Chess », nouvelle forme de tournois d’échecs. Les ordinateurs sont considérés comme imbattables par un humain depuis vingt ans maintenant lorsqu’ils évoluent les uns contre les autres, mais qu’en serait-il d’un humain aidé par une machine ? C’est exactement le but de ces « chess freestyle tournament » qui voient s’affronter des humains tous aidés dans leurs parties par un ordinateur. Une forme de tournoi suggérée par Gary Kasparov lui-même. Les résultats sont frappants. Non seulement des humains accompagnés d’une machine ont battu la plupart des ordinateurs, mais lorsqu’on fait concourir des humains entre eux, chacun aidé par une machine, ce ne sont pas les grands maîtres accompagnés d’un ordinateur portable qui remportent la partie mais bien des joueurs lambda accompagnés d’ordinateurs puissants et qui disposent de compétences en informatique. Cet exemple illustre à merveille l’importance de posséder de telles qualités dans le monde numérisé d’aujourd’hui et cela face à n’importe quel challenge. La révolution numérique et les progrès de l’IA exigent une montée en compétence de l’ensemble de la population.

Ensuite, cela fait maintenant une vingtaine d’années que l’enseignement supérieur connait un sous financement, voir même un « définancement » structurel. La population étudiante augmente sans cesse, mais le budget de l’enseignement en enveloppe fermée n’augmente pas. L’ARES suggère que ce financement soit augmenté de 50 millions d’euros.

Outre le fait que le secteur souffre d’un manque de financement, il est également important de se pencher sur la gouvernance de nos institutions comme le suggère également l’ARES. En effet, l’organisme estime que quantité d’économies d’échelles pourraient être réalisées à partir d’un modèle plus intégré, qui pourrait découler notamment de la fusion de plusieurs établissements. De plus, un plus haut niveau d’intégration augmenterait considérablement la capacité de négociation du secteur aussi bien auprès du pouvoir politique que des acteurs privés.

Et pourquoi ne pas aller un cran plus loin, en rationalisant une partie de l’offre de formations. En proposant, par exemple, des filières d’excellence propres à chaque établissement. Enfin, dans un monde de plus en plus globalisé y compris du point de vue académique, il apparait primordial que les voix et les efforts ne soient plus dispersés si l’on souhaite avoir une chance d’exister. Il est peut-être l’heure de faire fi des conflits historiques et des oppositions philosophiques, de dépasser la pilarisation des institutions belges et de démontrer un certain degré de pragmatisme afin de peser sur la scène internationale.