La Wallonie s’est développée autour de la sidérurgie, notamment dans les bassins liégeois et hennuyers, où hauts-fourneaux et aciéries ont marqué l’économie, le paysage, l’identité et le rayonnement de toute une région pendant plus d’un siècle. La désindustrialisation a laissé derrière elle plus de 3 224 hectares de sites à réaménager (SAR) au 1er juillet 2023, dont une part majeure issue de l’activité sidérurgique.
Conscient de l’enjeu stratégique que représentent ces friches, le Gouvernement wallon a confié à Wallonie Entreprendre / SOGEPA–SPAQUE une mission spécifique de rachat, dépollution et reconversion des anciens sites sidérurgiques, notamment les friches d’ArcelorMittal à Liège (Chertal, HF6, HF B, Cokerie d’Ougrée), le site Carsid à Charleroi ou encore les sites de Marchin et de Duferco à La Louvière. Rien que pour Liège, les anciens sites d’ArcelorMittal représentent 282 hectares susceptibles d’être redéployés, faisant de cette vallée sidérurgique un projet stratégique de dimension européenne.
La Wallonie s’est fixé un objectif de dépollution et de reconversion de 100 hectares par an, afin de répondre à la pénurie de terrains pour les projets économiques, d’éviter l’artificialisation de nouvelles zones agricoles et d’améliorer la qualité environnementale.
Les libéraux ont déjà rappelé l’importance d’une telle stratégie : pour l’ancien ministre Willy Borsus, ces friches constituent de véritables « réservoirs de terrains » parmi les meilleurs atouts de la Wallonie pour attirer des investisseurs, justifiant des enveloppes dédiées, dont 37,5 millions d’euros récemment mobilisés. Le Mouvement Réformateur est également sensible à la préservation d’éléments emblématiques du patrimoine sidérurgique, tels que les hauts-fourneaux d’Ougrée et de Marcinelle.
À l’international, des exemples variés : Belval (Luxembourg), Duisburg-Nord ou Zollverein (Allemagne), Ironbridge (Royaume-Uni), Pittsburgh (États-Unis) montrent que les anciennes friches sidérurgiques peuvent devenir des pôles mêlant industries innovantes, culture, tourisme, patrimoine, logement et nature, générant des milliers d’emplois et une attractivité mondiale.
Dans certaines régions wallonnes, comme c’est le cas dans le bassin liégeois, ces anciens sites industriels bénéficient d’une position géographique privilégiée, à proximité directe des grands autoroutiers, de mobilité douce et de chemin de fer, offrant un cadre idéal pour toute activité future. Aussi, dans un contexte de pénurie de logement étudiant et de la quête de nouveaux bâtiments universitaires, ces sites démontrent des avantages non négligeables tels que la proximité avec les centres urbains et les infrastructures déjà existantes.
Les études démontrent que la reconversion des friches apporte des bénéfices multiples :
Elle constitue un pilier du Plan de Relance Wallon et des travaux de la CPDT, qui y voient un levier de transition vers un aménagement sobre en sol.
Enfin, comme l’a déjà souligné le Président du MR Georges-Louis Bouchez, l’industrie doit redevenir un projet de société, garantissant prospérité, innovation et souveraineté. Dans une société qui fait désormais la part belle aux services, les décideurs politiques se doivent de soutenir le retour de l’industrie en Belgique afin de diversifier les activités économiques de notre pays, contribuer au projet d’autonomie stratégique, et créer des emplois dans des bassins de vie touchés par l’inactivité.
La reconversion des friches sidérurgiques s’inscrit pleinement dans cette ambition. Faisant suite à l’étude du Centre Jean Gol de juillet 2025, Relançons l’activité minière en Belgique et en Europe, la réflexion autour de l’avenir de ces friches industrielles doit également se faire dans le contexte des objectifs belges et européens en termes d’autonomie stratégique. Beaucoup de ces sites qui ont servi d’outil de rayonnement industriel et stratégique pour notre pays doivent également entrer dans l’équation d’une potentielle future relance de l’industrie lourde et minière dans notre pays.
Par conséquent, étant donné les enjeux importants, toute réflexion sérieuse autour de l’avenir de nos sites industriels devra se faire de manière holistique et dans une démarche multisectorielle en ne laissant aucun aspect de côté, qu’il soit industriel, économique, environnemental, patrimonial, touristique ou encore social.